Fatals Picards...

En ce vendredi de l'Ascension, les Amiénois rêvaient de l'accession en 1ère division et leur slogan était assez clair :" On veut la Ligue 1, on veut la Ligue 1". Au passage, c'était le seul chant original des 1000 Amiénois qui avaient fait le déplacement vers la civilisation, à Créteil. Supporters qui, pour certains d'entre eux, vous feraient passer Gérard Depardieu pour un mec sobre, les Boulogne Boys pour de vulgaires centristes et Franck Ribéry pour un diplômé de Saint-Cyr.
Donc Amiens jouait "le match le plus important de son histoire" (c'est dire si la vie de ce club est aussi riche que "Miette" la biographie de Loana) à Créteil devant 4 500 spectateurs qui portaient bien leur nom tant l'ambiance était inexistante, sauf dans la tribune réservée aux visiteurs, il faut le reconnaître. D'ailleurs, la rencontre était tellement bien organisée que les joueurs amiénois se sont échauffés devant une tribune vide (malgré les places à 4€) et pas devant leurs fans qui avaient fait les 150km (cf Via Michelin) de déplacement et ainsi oublié le temps d'un soir le gris de leurs vies et de la Picardie.
Pour espérer rencontrer de vraies équipes et se faire atomiser par Pauleta ou Govou la saison prochaine, l'ASC Amiens n'était pas maître de son destin. L'équipe entraînée par Ludovic Batelli devait compter sur un faux pas de Strasbourg ou de Caen qui les devançaient de respectivement 4 et 2 points à 2 journées de la fin. Malheureusement pour les Amiénois et heureusement pour le football français (voire même pour le football en général), Strasbourg et Caen l'ont emporté.
Au grand regret des supporters de l'ASC qui avec leur imagination débordante inventaient des buts en faveur d'Istres (l'équipe opposée à Caen). La palme d'or revient à ce penalty imaginaire accordé aux Istréens : les Amiénois se taisent avant d'exploser de joie car le penalty a été transformé ! Le hic est que ce penalty n'a jamais existé (ou alors sur FIFA 2007) ! Jusqu'à la mi-temps, les Amiénois se voyaient en Ligue 1 car Istres devait mener 2-1 face à Caen. Problème : pendant la pause, le speaker du stade Dominique Duvauchelle annonce que Caen mène 2 buts à 0 ! Bien sûr, il a tort parce qu'il est parisien et anti-picard ! C'est bien connu, les Parisiens détestent les Picards : rappelez-vous, en 2001, ces salauds avaient déversé l'eau de la Seine dans la Somme et provoqué d'importantes inondations, tout ça pour avoir les Jeux Olympiques de 2008 !

Pour ce qui est du match, Amiens l'a emporté 2-0 en face preuve d'un plus grand réalisme que ses adversaires, plus inspirés néanmoins dans le jeu collectif. A défaut d'une pluie d'occasions, une belle averse allait s'abattre sur la préfecture du Val-de-Marne, douchant ainsi les dernières illusions des Cristoliens.
Sur une jolie passe de Giresse, Buron trompait Trivino et donnait l'avantage aux siens dès leur première incursion dans la surface de réparation adverse (6ème minute). 25 minutes plus tard, Raynier allait profiter du seul contre qu'a réussi à mener son équipe pour creuser un avantage définitif. Après cela, Amiens allait uniquement défendre autour de Sami (dont le jeu ressemble étrangement à autre Sammy, Traoré celui-là) et n'allait se créer quasiment aucune occasion dangereuse malgré la faiblesse de l'opposition. Seul Antoine Buron était au-dessus du lot et mettait le feu à chacune de ses prises de balles : ce type de joueur était trop rare sur la pelouse et n'a rien à faire en Ligue 2. Un club comme Lorient lui irait beaucoup mieux et lui permettrait de faire apprécier sa jolie technique en mouvement.
Côté Créteil-Lusitanos, il n'y a personne à mettre en évidence à part l'arrière droit qui a été plutôt solide. L'équipe a été très naïve et a donné la victoire à des adversaires incapables d'enchaîner 3 passes. La sortie de Cyril Domoraud a fait du bien à son équipe qui a retrouvé une meilleure assise défensive en son absence. L'ancien capitaine de la Côte d'Ivoire laisse derrière lui une énigme impossible à résoudre : comment un joueur aussi talentueux qu'un 2be3 a-t-il pu jouer à l'Inter et au Milan AC ? En fait, il nous fait le coup de Patrick Sébastien dans le "Grand Bluff" : depuis une dizaine d'années, il se fait passer pour un joueur de foot !
Sinon, le match a été fidèle à ce qu'est une rencontre de Ligue 2 dans l'imaginaire collectif : avant tout un combat physique et une tactique qui se limite à balancer de longs ballons aux attaquants... Bref, un match de Premier League, les individualités en moins, mis à part Buron qui aurait sa place dans n'importe quelle première division... Mais maintenant, je comprends mieux pourquoi certains affirment que la Ligue 2 est le meilleur championnat de deuxième division au monde : ceux sont les mêmes qui affirment que la Premiership est ce qui se fait de mieux en termes de football !