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L'oeil du Cyclone
3 juin 2010

Jesús Navas, Jamais sans ma mère

Dimanche, c'était la fête des mères et on peut-être sûr que Jesús Navas a célébré cet évènement comme il se doit. Enfin, l'Andalou a plutôt fait la fête le 2 mai, le Día de las Madres de l'autre côté des Pyrénées, car le virevoltant ailier droit du FC Séville voue une admiration sans borne à sa mère et plus généralement à sa famille et à sa région. A tel point que cet attachement au foyer familial a failli lui coûter sa carrière internationale et c'est donc un petit miracle de le voir partir pour l'Afrique du Sud...
Après Andrés Iniesta, Djibril Cissé et Rafael Van der Vaart avant l'Euro 2008, Jesús Navas a l'honneur d'inaugurer la série de portraits qui vont être réalisés sur ce blog à l'occasion de la Coupe du Monde 2010. Place maintenant à la vie de Jesús...

En ce 21 novembre 1985, la petite localité de Los Palacios y Villafranca peut chanter "il est né le divin enfant du football espagnol" car c'est dans cette ville du sud de l'Andalousie que le petit Jesús Navas González voit le jour. Pendant 13 ans, le petit Andalou vit des jours paisibles et partage son temps entre ses deux passions : le ballon rond et sa mère. Contrairement à ses compagnons de jeu, il ne se rêve pas en footballeur professionnel, ce serait plutôt son pire cauchemar puisqu'il devrait alors quitter le cocon familial.
Pourtant, l'inévitable se produit lorsqu'il est repéré par Pablo Blanco, recruteur du FC Séville, alors qu'il porte les couleurs de son petit club de Los Palacios. N'importe quel jeune joueur aurait pleuré de joie à l'idée d'intégrer l'un des meilleurs centres de formation du pays (Outre Jesús Navas, Sergio Ramos, José Antonio Reyes, Antonio Puerta ou Diego Capel sont également passés par la cantera du FC Séville), sauf le petit Jésus qui éclate en sanglots et refuse de quitter sa ville natale alors que ses parents et les dirigeants du FC Séville se sont mis d'accord pour qu'il rejoigne le club andalou.
Finalement, le jeune garçon de 13 ans, mais qui en paraît 10, se décide à quitter le cocon familial et à effectuer les 18 kilomètres qui séparent Los Palacios de Séville. Après quelques années de sueur, de larmes et de coups de blues, le jeune ailier débute finalement à 16 ans et demi chez les pros mais ne connaîtra sa première sélection en équipe d'Espagne que le 14 novembre 2009, soit une petite semaine avant son 24 ème anniversaire. Auparavant, il n'avait jamais joué pour la moindre sélection espagnole (pas même chez les jeunes) : son talent et sa fibre patriotique n'ont jamais été mis en cause, son mental si.

En effet, Jesús Navas a les défauts de ses qualités. Il est resté un grand enfant d'1m70 et joue toujours comme sur les terrains cendrés de ses premiers exploits footballistiques, son culot et sa spontanéité lui permettant de déstabiliser n'importe quelle défense. Mais si son style de jeu n'a pas évolué depuis l'enfance, son mental non plus... Il a longtemps été incapable de rester plus de 48 heures éloigné du cocon familial et de sa mère qui est selon lui "la femme la plus remarquable du monde".
L'anecdote peut prêter à sourire si l'on ne sait pas que le jeune homme était en réalité soumis à de graves crises d'angoisse.
Ainsi, quand il y a 3 ans, le FC Séville part en tournée aux États-Unis, l'Andalou préfère rester a casa s'entrainer avec un préparateur physique laissé à sa disposition par le club. Ses dirigeants préférant ménager leur petit prodige car cet Eté 2007 avait été éprouvant pour le Tanguy espagnol qui avait été contraint par son club d'effectuer l'intégralité de la préparation d'avant saison avec ses coéquipiers à Huelva, sans voir ni sa mère ni le reste de la famille. Car les étés précédents, il faisait quotidiennement 200 kilomètres aller-retour pour suivre la préparation estivale avec ses coéquipiers avant de rentrer chez sa mère une fois l'entrainement terminé. Mais en le "séquestrant" de la sorte dans un hôtel de Huelva, les psychologues à son chevet ont pu rapidement établir un diagnostic : outre ses crises d'angoisse, le meilleur milieu droit du monde souffre également d'un terrible manque de confiance en lui. N'est pas Cristiano Ronaldo qui veut...

Ce suivi quotidien porte progressivement ses fruits si bien qu'à l'aube d'un Euro 2008 triomphal, Luis Aragones l'inclut sans l'en avertir à sa liste de préselectionnés pour la Suisse-Autriche. Jesús Navas avait bien entendu décliné l'invitation mais, chose inimaginable à peine un an plus tôt, avait pour la première fois envisagé la possibilité de défendre les couleurs de son pays : "Je suis en passe d’être guéri de mes crises d’angoisse, mais il me faut encore un peu de temps. Le jour où je serai prêt, je réaliserai mon rêve de jouer pour l'Espagne".
Cette maturité supplémentaire, il va l'acquérir très rapidement, le départ de Daniel Alves en août 2008 le mettant face à des responsabilités nouvelles. Avec le latéral Brésilien, il formait le meilleur couloir droit d'Europe mais selon Manolo Jímenez - entraineur du FC Séville de 2007 à 2010 - "Daniel Alves comptait pour 3 joueurs. Même si c'était un duo terrifiant, Jesús avait un peu de mal à s'exprimer en raison de l'hyperactivité de Daniel". Et depuis, son chemin de croix a pris fin et Jesús marche sur l'eau, enchainant les performances de haute volée avec une exceptionnelle régularité.

Personne n'est donc surpris lorsqu'en novembre 2009, Vicente Del Bosque le convoque pour la première fois en équipe nationale. Et cette fois, le joueur ne refuse pas l'invitation, laissant derrière lui ses vieux démons qui lui ont fait manquer le Mondial des -20 ans 2005, la Coupe du Monde 2006 et, on l'a déjà évoqué, l'Euro 2008. Avant de rejoindre peut-être un jour un grand d'Europe (Lyon, Arsenal, l'Inter ou le Real le suivent depuis des années), l'idole du stade Sánchez Pizjuán va disputer sa première compétition internationale de sa carrière.
Si l'éloignement ne lui pèse pas trop, le monde pourra enfin s'émerveiller devant les qualités hors norme du jeu homme. Technique soignée, dribbles ultra rapides, vitesse supersonique, Jesús Navas a toute la panoplie du joueur hors norme et il en a enfin pris conscience. Même s'il ne part qu'en tant que doublure du génialissime Iniesta, il devrait régulièrement entrer en jeu pour régaler ses partenaires. Et quand on voit comme il fait briller Luis Fabiano et Frédéric Kanouté en club, les futurs adversaires de la Roja peuvent trembler quand on sait que les futurs bénéficiaires de ses caviars ont pour nom Fernando Torres et David Villa...

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