C'était écrit...

Angleterre 26 - France 18. Comme le dit le plus grand poète du Lot-et-Garonne, "C'est écrit", ou plutôt "C'était écrit" : Nous étions une année en 7 et la France devait faire le Grand Chelem (cf 1977, 1987 et 1997), Yachvili revenait et devenait battre les anglais presque à lui tout seul (comme en 2004, 2005 et 2006)... Mais la glorieuse incertitude du sport, ou plutôt la glorieuse incompétence de Bernard Laporte, est passée par là et il n'y a rien à redire sur la victoire des Anglais. Les Français, à l'image de Chabal, ont été décevants.
Cette défaite est inquiétante car on n'a toujours pas vu une seule action construite des arrières français depuis plus d'un an : Jauzion et Marty ont montré autant de complicité qu'un alcoolique avec une bouteille d'Evian, Dominici a revêtu son costume préféré, celui de l'homme invisible, Skrela et Beauxis ne savent que jouer au pied, Yachvili était complètement en manque de rythme et de repères pour ne pas avoir joué depuis presque 2 mois et Clerc a voulu, comme en Irlande, sauver la patrie sur chaque action et chacune de ses offensives a échoué par excès d'individualisme. Les Bleus ont prouvé que si leur pack était dominé, ils ne pouvaient plus rien faire et le problème, c'est que dimanche seuls Betsen et Thion étaient au niveau. Plus inquiétant encore, les hommes de Bernard Laporte sont à la ramasse à chaque fin de match : à l'automne, l'Argentine était venue mourir à un point; sans un essai miraculeux, les Français se seraient inclinés à Croke Park et les Anglais ont largement dominé les dernières minutes de la rencontre... Et qu'on ne me dise pas que les Français étaient plus fatigués : les Anglais avaient une journée de championnat à disputer le week-end avant le match alors que le Top 14 faisait relâche.
Après leur déroute en terre irlandaise (43 -13), le XV de la Rose s'est bien ressaisi et a remporté un succès mérité face à son meilleur ennemi. Emmenés par un pack à nouveau conquérent (très bon match du flanker Rees), les champions du monde (pour 6 mois encore) ont battu des Français qui jouaient comme des Anglais en jouant comme des Français ! Derrière, les ouvreurs Flood et Geraghty ont montré qu'ils pouvaient être des alternatives crédibles à Wilkinson et l'ailier Strettle a démontré qu'il avait du feu dans les jambes et qu'il était bien supérieur à ses homologues français. Enfin, l'inusable Mike Catt (36 ans en septembre) a illuminé le match de sa classe et a une nouvelle fois sauvé la patrie en danger : rappellez-vous en 2003, c'est lui qui avait sauvé les anglais lors d'un quart de finale de la Coupe du Monde bien mal engagé face aux Gallois. Mais, comme il ne fallait pas enterrer trop vite les Anglais la semaine dernière, il ne faut pas non plus les voir trop haut aujourd'hui : sursaut d'orgueil temporaire ou retour au premier plan au bon moment, seul l'avenir nous le dira.

       

Italie 23 - Pays de Galles 20. Après une belle victoire en Ecosse, le rugby transalpin a écrit une nouvelle page de sa jeune histoire en remportant pour la première fois deux matches consécutifs du Tournoi des six nations alors que 10 titulaires potentiels manquaient à l'appel. Une nouvelle fois, les Italiens n'ont pas volé leur victoire et se sont appuyés sur leur paquet d'avants et une troisième ligne éblouissante (Mauro Bergamasco et Sergio Parisse) pour l'emporter. Même l'habituellement très mauvais Ramiro Pez s'est mis au diapason : témoin, cette merveille de coup de pied par dessus la défense galloise sur le deuxième essai italien inscrit par Mauro Bergamasco.
En gros progrès depuis l'arrivée de Pierre Berbizier il y a un an, les Italiens peuvent légitimement prétendre aux quarts de finale de la Coupe du Monde, surtout avec les retours de Bortolussi et Masi derrière. Contre l'Irlande samedi prochain, ce sera plus compliqué parce que les Italiens ne disposent pas encore d'un gros réservoirs de joueurs et l'absence de joueurs de calibres de Canale ou Mauro Bergamasco devrait logiquement se faire sentir. Mais les Italiens n'ont peut-être pas fini de nous surprendre...
Les Gallois ont également fait un bon match et auraient pu arracher le nul. Mais ils ont préféré tapé en touche plutôt que tenter la pénalité et l'arbitre a sifflé la fin du match alors que quelques secondes auparavant, il avait dit à James Hook qu'il pouvait tenter la pénal-touche ! Mais les Dragons Rouges peuvent surtout avoir des regrets sur l'ensemble du match car ils ont beaucoup tenté et courru sans grande réussite. Shane Williams et James Hook ont souvent fait la différence mais ont manqué de soutien. Les Gallois sont la seule équipe à ne pas encore avoir gagné un seul match mais je les sens capables de battre les Anglais. Ils sont toujours aussi imprévisibles et je trouve que leur jeu offensif est bien en place. A chaque fois, ils ont perdu sur des détails.

     

Ecosse 18 - Irlande 19. A quoi reconnait-on une grande équipe ? Elle gagne même quand elle joue mal ! Donc, l'Irlande est une grande équipe car après avoir sorti le grand jeu face aux Anglais, le XV du Trèfle a livré une prestation moyenne face à de valeureux Ecossais. Heureusement pour elle, l'Irlande peut compter sur de nombreux talents individuels pour faire la différence : samedi, ce sont l'héroïque Hickie et les inévitables D'Arcy et O'Driscoll qui se sont illustrés.
L'Ecosse a également fait un bon match avec une défense très agressive et Sean Lamont pour percer la défense adverse. Cette équipe est également en progrès par rapport aux années passées et n'hésite pas à envoyer du jeu. La seule déception peut venir du trois-quarts centre Rob Dewey qui est annoncé comme le dernier joyau de la couronne mais n'a pas livré une prestation étincelante. Mais il est encore jeune (23 ans)alors laissons lui le temps de grandir et peut-être qu'il répondra aux attentes placées en lui dès samedi prochain face aux Bleus !